Histoire du vin

Une fois de plus, tout part de Noé. Après Homo sapiens sapiens qui n'avait su que s'enivrer de grappes trop muries au soleil d'automne, le vieil homme n'eût-il pas comme premier geste colonisateur, en quittant l'arche protectrice, de planter un cep sur la terre retrouvée ? Il avait bien raison, rien n'était en effet plus urgent. Et son geste n'avait sans doute rien de médicinal.

Noé et le vin

Puis le vin a accompagné la civilisation, de l'économie à la religion. En passant par la philosophie et… la médecine.

Des millénaires ont passé depuis Noé, à travers les civilisations perses et égyptiennes. A quelques encablures de nous, Hippocrate (460-377 av. J.-C.) a probablement été le premier à aborder la codification de ce breuvage considéré alors en tant que remède. Théophraste (372-287 av. J.-C.) lui emboîte le pas. Beaucoup plus tard, Galien au II ième siècle après JC, avait établi une liste détaillée de vins avec leurs propriétés respectives.

Car les grecs ont les premiers fait du vin une divinité, un dieu guérisseur :Dyonisos a un côté médecin. Cependant, Hippocrate préconisait bien une dose adaptée à chacun, avec mesure, sans excès. Il le préconisait dans la lutte contre les fièvres, révélant déjà ainsi une certaine action antibiotique reprise plus tard.

Les romains ne seront pas en reste bien sûr. Quelques siècles plus tard, Dioscoride dit Pedanius traite du sujet dans son traité sur la matière médicale. Ce médecin fera aussi merveille en botanique et laissera son nom à une plante, la Dioscorea, tout aussi sarmenteuse que la vigne elle-même. Pline l'Ancien, autre intellectuel de l'époque, ne cesse de chanter les bienfaits du vin. Avec modération ici aussi, pour ne pas faire perdre à l'homme sa raison, sa lucidité et son calme. A Pompéi - donc sans doute à Rome - les marchands de vin n'arborent-ils pas le caducée sur leur point de vente mi taverne - mi pharmacie ? Sachant que le vin n'était alors pas que le fruit de la vigne. Pour ne parler que de plantes typiquement transalpines, il y avait alors les vins de sauge ou de laurier, populaires pour leurs vertus particulières.

Au Moyen âge, la connaissance des propriétés bienfaisantes du breuvage est détenue par les moines. Les monastères cultivent la vigne et la règle de Saint Benoît préconise d'ailleurs un quart de litre de vin par jour. Nous verrons qu'après quelques siècles et de lourdes études scientifiques, nous retombons sur la même dose, à quelques gorgées près… Le vin était aussi support et excipient de diverses préparations purement pharmacologiques probablement imbuvables.

Les médecins de la Renaissance seront bien d'accord pour la consommation raisonnée. Ambroise Paré, en tant que médecin, prônera des doses raisonnables alors que notre Rabelais national - un peu isolé - préconisera la boisson sans limite, source de bonne santé tout en conservant l'acuité de ses sens et de sa pensée.

Surprise au XVIIIème siècle. On voit dans de nombreux terroirs des aptitudes pharmocologiques nuancées. Voire carrément typées : sans connaître les microbes, on suspecte toutefois des vertus antibiotiques par exemple. Le Cardinal de Richelieu prenait un verre de Bordeaux à chaque repas pour éviter des troubles intestinaux, propriété essentielle du vin comme l'attesteront les études ultérieures et nous y reviendrons à propos des tannins.

Né l'année de la mort de Richelieu, 1822, laissons ensuite Louis Pasteur parler du vin: "La plus saine et la plus hygiénique des boissons" : de la musique… Il consacre la médecine du vin et ouvre la voie à l'oenologie moderne. Un peu plus tard et dans un autre registre, Emile Zola dans l'Assommoir nous décrit le delirium tremens (qui signifie "délire tremblant") et de façon générale l'ivrognerie du peuple.

Enfin, autre terme scientifique exprimé en latin, Alcoholismus chronicus exprime une consommation irraisonnée d'alcool. Ce terme utilisé pour la première fois en 1849 par un médecin suédois nommé Magnus Hass s'est vite généralisé pour désigner l'abus régulier d'alcool.

Nous oublierons vite ces excès pour ne retenir que les bienfaits du raisin fermenté, qui n'a pourtant pas fini de livrer ses secrets…

Vins et BD historiques

En 1500 avant J.C., mourait le scribe responsable de la cave de Thoutmès III, pharaon d’Egypte. Dans sa tombe, les archéologues ont retrouvé une superbe fresque. Celle-ci nous montre tout le cycle de la fabrication du vin. Des esclaves y récoltent le raisin, le foulent aux pieds avant de mettre le jus dans des amphores.

Au XIVème siècle, sur une tapisserie, nous pouvons voir des paysans cueillir du vin et le fouler aux pieds de façon identique.

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