Le vignoble d'Alsace est l'un des plus anciens de France. Son origine a été retracée dès l'arrivée de César (58 avant J.-C.) pour qui le vin d'Alsace était «optimus totius galliae» : le meilleur des vins de Gaule.
Après une période de soulèvements au Moyen-Age, la production vinicole n'a cessé de se développer entre 1200 et 1600. Des archives ont même révélé qu'au début du XVᵉ siècle, l'Alsace a exporté plus de 1 million d'hl principalement vers les Flandres et les pays germaniques. Strasbourg devient à cette époque le plus important marché vinicole en Europe.
Les décennies qui se succédèrent jusqu'en 1870 ont été marquées par des épreuves : guerres, famines, récoltes, phylloxera, qui ont lourdement pesé sur le développement des vins d'Alsace.
Après la défaite française de 1870, l'Alsace fut cédée à l'Allemagne qui la contrôla jusqu'à l'armistice de 1918. Au début de ce siècle, les viticulteurs alsaciens amorcèrent les réformes conduisant à la qualité que nous connaissons aujourd'hui. L'année 1925 a été marquée par la décision de l'association des viticulteurs de ne planter que des cépages nobles.
L'occupation allemande durant les cinq années de la seconde guerre mondiale n'a pas freinée la détermination des producteurs : 120 villages se spécialisèrent dans la production vinicole.
Le vignoble d'Alsace s'étend au nord-est de la France, sur deux départements (Haut-Rhin et Bas-Rhin) face au Rhin le long des contreforts des Vosges. Il s'étire sur 75 kilomètres de long environ et 5 à 6 kilomètres de large. Le vignoble est planté sur des coteaux dont l'altitude varie entre 200 et 300 mètres pour une superficie d'environ 15 000 hectares.
L'Alsace a une production annuelle très variable étant donné sa situation géographique. Subissant un climat nordique et continental, les gelées printanières sont fréquentes et la production annuelle moyenne qui est d'un milion d'hectolitres peut tomber, comme en 1956-1957, à la moitié environ. Pratiquement tous ses vins sont blancs, à l'exception d'un petit volume négligeable de rouges et de rosés issus du Pinot noir.
Le relief de la région influence grandement le climat qu'on y trouve : la chaîne de montagnes des Vosges abrite le vignoble des vents forts et humides de l'ouest et des gelées. Le climat est de type continental avec des étés et des automnes chauds et ensoleillés et des hivers froids. L'exposition du vignoble sur les coteaux sud-sud-est, à une altitude variant entre 200 et 400 m, offre un bon ensoleillement et l'arrière-saison, particulièrement belle, permet d'obtenir un affinement de la maturation et un déroulement tardif des vendanges. Cependant, cet ensoleillement important n'est pas synonyme de chaleur intense qui serait préjudiciable au développement aromatique des cépages blancs.
L'influence de la montagne se fait le plus sentir au sud où elle est la plus haute : les meilleures communes vinicoles sont donc situées dans le Haut-Rhin. Au nord, la montagne est plus basse et son influence est moins sensible : les vins du Bas-Rhin tendent à moins de vigueur et de saveur. Certaines communes sont favorisées : Ammerschwihr, Barr, Eguisheim, Kaysersberg, Mittelwihr, Ribeauvillé, Riquewihr.
Née de l'affaissement du massif que formaient les Vosges et la Forêt Noire, localisée aujourd'hui sur les collines de cette zone de rupture, l'Alsace présente une extrême diversité de terroirs. C'est ainsi que la plupart des communes viticoles sont caractérisées par 4 ou 5 formations de terrains différents (granit, loess, schiste, grès, gneiss calcaire). À titre d'exemple, nous pouvons citer les arènes granitiques de Turckheim et de Wintzenheim voisinant avec des zones très calcaires, la région d'Andlau avec ses sols schisteux et ses grès, les calcaires coquilliers et les marnes argilo-calcaires de Riquewihr.
Cette particularité complique le choix de l'encépagement, mais permet en contrepartie d'utiliser au mieux, et d'une façon variée les différents terroirs, en exploitant les possibilités offertes par les cépages.
Il existe aujourd'hui, dans le vignoble alsacien, une gamme de cépages autorisés, dont chacun demande une culture et un terrain particuliers : Chasselas, Pinot blanc ou Clevner, Sylvaner, Pinot gris, Muscat, Gewurztraminer et Riesling.
Étant donné que le vin porte le nom du cépage, il y a lieu d'attirer l'attention sur l'importance qu'il faut accorder au lieu de production des divers cépages d'Alsace, ainsi qu'au nom du producteur qui les met en vente. C’est-à-dire que ces vins peuvent être de très grande qualité ou, au contraire, de condition modeste, selon qu'ils proviennent de telle ou telle région du vignoble alsacien.
C'est ainsi qu'un Riesling ou un Gewurztraminer, mentionné sur une carte des vins, peut être originaire du Thann dans l'extrême sud du vignoble, ou d'une localité située à plus de 75 km au nord, ou encore de n'importe laquelle des 120 communes viticoles ayant droit à l'appellation Alsace contrôlée. Il est évident que leur qualité intrinsèque peut être fort différente suivant la localité dont ils sont issus, la composition géologique du sol qui les a produits et les soins qui ont été apportés à leur récolte et à leur vinification.
On peut dire par exemple que le Sylvaner a sa terre d'élection plus particulièrement dans le Bas-Rhin (région de Barr) et dans le Haut-Rhin dans le secteur de Rouffach.
Le Muscat réussit plus spécialement dans les vignobles de Voegtlinshoffen, Riquewihr et Ribeauvillé.
Quant au Riesling et au Gewurztraminer, ce sont les coteaux de Riquewihr, Zellenberg jusqu'à Eguisheim dans le Haut-Rhin, et Dieffenthal, Dambach et Blienschwiller dans le Bas-Rhin.
Contrairement aux autres vins d'Appellation d'Origine Contrôlée, généralement connus sous le nom de leur terroir, les vins d'Alsace portent le nom du cépage qui leur a donné naissance, avec principalement pour les vins blancs :
• le Sylvaner
• le Riesling
• le Gewurztraminer
• le Pinot Blanc
• le Pinot gris
• le Muscat d'Alsace
Un seul cépage produit des vins d'Alsace rouges ou rosés : le Pinot Noir.
Chaque cépage possède un caractère, un bouquet et un fruité qui permettent de l'identifier facilement.
Le Sylvaner, le Pinot blanc et le Muscat ne gagnent pas à vieillir. Si ces trois variétés font d'excellents apéritifs, le Pinot blanc sera à son aise avec une tarte a l'oignon, une quiche ou un plat simple. Le Muscat se plaira avec les asperges (et ce mariage vaut l'expérience).
Le Riesling est le cépage rhénan par excellence : racé, fier et nerveux, il fera honneur à la choucroute, la raclette et le poisson. Il réussit très bien avec le homard tout comme le Pinot Gris qui lui est plus discret au nez mais dévoile une opulence, une richesse d'arômes et du gras. Il se plaît avec du gibier à plume (faisan en sauce), les fruits de mer et le poisson (saumon et son hollandaise). Le Pinot gris remplace facilement tout chardonnay, qu'il provienne de Bourgogne ou de Californie.
Dans une catégorie à part puisque c'est le seul dans lequel subsiste le plus souvent une petite quantité de sucre résiduel, le Gewurztraminer avec son nez de litchi, de rose et puissamment musqué. Il se marie avec le foie gras, le Munster (fromage régional) et il faut oser avec un saumon fumé.
Les 4 cépages Muscat, Riesling, Pinot gris et Gewurztraminer peuvent être cueillis en surmaturité pour la production de Vendanges Tardives (VT) ou de Sélection de Grains Nobles (SGN). Cet état de surmaturation ne veut pas dire automatiquement moelleux puisqu'un Rieling VT est sec avec 12°9 d'alcool en puissance minimum. Le Muscat est une réelle rareté dans ces deux catégories.
Le Pinot Gris et le Gewurztraminer font des vins fabuleux lorsque bien vinifiés. Dans ces deux cas, ils sont majoritairement moelleux mais il arrive que certains vinifient un Gewurz en sec (Paul Blanck est un de ceux-là).