Étagé sur des coteaux entre 200 et 450 m, le vignoble alsacien s'allonge entre les Vosges et la vallée du Rhin sur une centaine de km présentant une succession de terroirs très différents donnant aux vins, selon leurs expositions, des caractéristiques diverses, variées et complexes.
C'est en multipliant le nombre de terroirs par la variété des cépages dont disposent les vignerons en appellations que l'on obtient une palette aromatique allant du parfaitement sec à l'extrêmement sucré en passant par le gras le plus onctueux et à la minéralité la plus soutenue.
Le vignoble alsacien compte trois appellations d'origine contrôlée : vins d'Alsace, vins d'Alsace grand cru et crémant d'Alsace, qui portent toujours mention du cépage qui a permis de les produire. Seul cépage rouge présent, le pinot noir identique à celui de Bourgogne, est vinifié le plus souvent en rosé et de plus en plus en rouge. En ce qui concerne les cépages blancs, sept familles sont présentes : le Sylvaner, le Gewurtztraminer, le Riesling, le Pinot Noir, le Pinot Gris (appelé aussi Tokay), le Muscat et le Pinot Blanc ; il convient aussi d'ajouter le Chasselas.
L'évocation des vins d'Alsace ne peut se faire sans parler des Vendanges Tardives et de la Sélection de grains nobles, mention pour lesquelles le vin doit obligatoirement être issu de cépages nobles et Surmûris (Vendages Tardives) ou atteints de botrytis cinerea (champignon dit pourriture noble). À goûter absolument et en apprécier toute la puissance, le moelleux de leur bouquet et l'extrême finesse de leurs arômes splendides.
Le vignoble d'Alsace est parfaitement moderne et dans le coup puisqu'il présente ses vins de la façon la plus spontanée et directe : par les cépages. Quatre se distinguent particulièrement : les cépages nobles. Ils sont indispensables à toute bonne cave.
Vignoble de tradition, l'Alsace n'a pas attendu la communication mondiale pour présenter ses vins par leurs cépages. Cette habitude est une tradition ancrée depuis quelques siècles. Il y a six cépages pour les vins blancs, un seul pour les vins rouges. Quatre se distinguent particulièrement : le Pinot Gris, le Gewurztraminer, le Riesling et le Muscat. On les nomme "cépages nobles", car ils ont une expression aromatique, un fruité et une typicité qui les distinguent parfaitement.
Jusqu'en 1984, on appelait le vin issu du Pinot Gris, le Tokay d'Alsace, puis obligation a été faite de l'appeler Tokay Pinot Gris. À partir de 2007, nous serons définitivement obligés de nommer le vin par le nom de son cépage qui est le Pinot Gris. Ce cépage progresse en plantation, car il est très apprécié en restauration pour accompagner tout un repas. C'est un vin suffisamment puissant pour être servi à la suite d'un vin rouge.
Son identité repose sur un bouquet de fruits bien mûrs (abricot, pomme golden), de fleur d'acacia et un côté plaisamment fumé. Des notes de réglisse complètent sa palette aromatique après 3 à 4 années de garde. Agréablement charpenté, velouté, d'une opulence tendre, il est soutenu par une acidité qui lui apporte l'élégance indispensable à un vin racé et noble. Vin de Haute Gastronomie, il peut parfaitement accompagner le foie gras, les poissons aux sauces goûteuses, une homardine, des gratins d'écrevisses, et même des viandes blanches.
C'est certainement le cépage blanc qui produit avec une bonne régularité les vins blancs les plus nobles et les plus racés. L'expression fruitée et florale s'associe à une forte minéralité propre au cépage, mais aussi aux différents terroirs. Il n'a pas son pareil pour les révéler. Exigeant, il requiert les plus belles expositions pour capter tous les rayons de soleil et atteindre la maturité gage d'équilibre. Ce dernier repose en grande partie sur la trame acide, support de la fraîcheur et de la vivacité tout en finesse et en subtilité de ce cépage. Le Riesling est agréable à boire dans sa jeunesse lorsque tout le fruité et le floral de son expression variétale se livrent spontanément. Les plus grands demandent au minimum 3 à 4 années de garde pour développer un bouquet complexe, intense, avec cette minéralité (terroir) si caractéristique des grands Rieslings. Ils accompagneront les plus belles recettes gastronomiques de poissons de mer, de rivière, des crustacés, des huîtres, des moules, des langoustes et des homards.
Le Gewurztraminer es le plus sympathiquement "macho" des cépages alsaciens. Il n'a pas son pareil pour vous charmer, vous envoûter. Dès que vous l'avez humé, vous êtes conquis par son exubérance parfumée, aux nuances de bouquet de roses, de fleurs d'acacia, de fruit de la passion, de litchi et de mangue. Et ce n'est pas tout ! Des parfums épicés de safran, de cardamome, de gingembre, de cannelle complètent l'extase aromatique.
En bouche son corps est savoureux, pulpeux, tendre, velouté et caressant, le tout dans une opulence et une tenue à l'assurance ravageuse.
Ce vin, à la spontanéité aromatique variétale unique, se savoure dès sa jeunesse, mais sa charpente et son corps permettent une bonne garde. Les années lui apportent sagesse et expression plus épicée. Parfait à l'apéritif, il offre une belle harmonie avec le foie gras, les terrines de gibiers, les plats de poissons et les viandes en sauces épicées et aigre douce. Vous l'aimerez aussi, notamment, dans sa version vendanges tardives ou sélection de grains nobles sur les desserts pas trop sucrés comme les cakes et les gâteaux de fruits.
Le Muscat d'Alsace est le plus parfumé et le plus aromatique. Il est sec au palais, pas trop charpenté, gouleyant, désaltérant et surtout il éclate en bouche sur de vrais arômes de grains de raisin frais de muscat.
Vin d'apéritif idéal, servez-le bien frais à 8° C pour révéler cette sensation de raisin frais. Mariez-le à des fromages de chèvre frais, des harengs marinés et des maquereaux en gelée.
La vigne, fille de la Méditerranée se sent mieux entre Strasbourg et Mulhouse qu'en Calabre ou dans les plaines du Latium. La raison est climatique, mais tient aussi du miracle alsacien. Depuis la colonisation romaine, l'Alsace a su retenir la vigne, lui offrant un temps d'ensoleillement d'une étonnante longueur, des précipitations extrêmement modérées, mais aussi un savoir-faire tant dans la fabrication que dans l'élevage du vin. Les vignobles alsaciens s'étendent sur toute la longueur des Vosges, entre Strasbourg au Nord et Mulhouse au Sud. La route est historiquement très ancienne, suivant le terroir viticole alsacien, mais c'est en 1954 qu'elle fut officiellement reconnue. Les Mois de juillet et d'août sont l'occasion de nombreuses fêtes et foires dans le vignoble alsacien. Une bonne raison de partir à sa découverte, le long des 170 kilomètres de routes, du Nord au Sud, depuis la Porte Marlenheim de jusqu'à celle de Thann.
Marlenheim marque le point de départ de notre ballade. A la porte de la route des vins, un point d'accueil permet de mieux connaître les cépages alsaciens. Sont également précisés, Les blasons des villages viticoles d'Alsace. Le week-end du 15 août, on y fête le mariage de l'ami Fritz.
À Mutzig, on plonge en plein Moyen-Age. Passé la Porte du XIVe siècle, on découvre le château des cardinaux de Rohan, le tout entouré de murs côtoyant les caves de dégustation.
Direction Molsheim, la ville médiévale berceau des Bugatti. C'était en effet dans cette ancienne ville épiscopale et universitaire qu'étaient fabriquées les mythiques automobiles.
Un peu à l'écart de la route, on peut visiter les vignobles du Grand Cru Altenberg de Wolxheim, Le vin de préféré de Napoléon Ier, autour du village de Wolxheim.
En continuant vers le Sud, on croise la première grande étape de la route des vins, Obernai. Bourg autrefois dépendant de l'abbaye fondée par Sainte Odile, Obernai est un centre commercial hippique, avec son musée du cheval et de l'attelage, et surtout viticole avec la foire aux vins le week-end du 15 août et la fête des vendanges le 3ème week-end d'Octobre.
Passé l'étape Obernai, la ville de Barr est un grand site touristique alsacien. Lieu de villégiature des habitants des villes de Strasbourg et de Mulhouse, elle fête le vin mi-juillet et les vendanges le 1er week-end d'octobre.
Plus au Sud, Andlau est situé au milieu de trois grands crus d'Alsace, Kastelberg, Moenchberg et Wiebelsberg. Entouré des châteaux de Spesbourg et du Haut-Andlau, le village a pour patronne Sainte Richarde, fêtée le 3ème week-end de septembre. Une semaine plus tard, c'est le Goutaillon, promenade et repas au Kastelberg.
À mi-chemin entre Strasbourg et Mulhouse, se dresse le château du Haut-Koenigsbourg. Symbole de L'Alsace médiévale, il fut restauré au début du siècle. À ses pieds, ont grandi de nombreux villages : Kintzheim, Orschwiller, Saint-Hippolyte, fondé au VIIIe siècle et Rodern. C'est dans cette aire géographique que s'est historiquement développé le Pinot Noir.
Vient ensuite l'un des joyaux de la route des vins, Ribeauvillé. Village symbole, entouré de trois châteaux, le Girsberg, le Saint-Ulrich et le Haut-Ribeaupierre, et de trois Grands Crus, Geisberg, Kirchberg et Osterberg. Village-musée, où alternent les monuments sacrés et laïcs. Ribeauvillé où il fait bon s'arrêter, pour déguster un verre de Gewurstraminer, pour goûter une fameuse eau-de-vie, pour dévorer des saucisses à l'ombre de la Tour des Bouchers. Pour fêter les vins l'avant-dernier week-end de juillet, ou les Ménétriers, le 1er dimanche de septembre.
Sur le bord de la route, le village d'Hunawhir ne souffre pas trop de la renommée de sa voisine. Sa très belle église agrémentée de fresques du XVe siècle et sa fête de l'ami Fritz à la mi-juillet, lui permettent d'attirer de nombreux visiteurs.
En reprenant la route, on arrive à l'admirable cité de Riquewhir, restée pratiquement intacte. Passé la herse, fortifications, maisons et Châteaux, témoignent de huit siècles d'histoire alsacienne. Allez visiter la maison de Hansi, dessinateur-symbole de la résistance à l'occupation allemande entre 1871et 1918. Ses dessins volontairement naïfs dépeignent l'occupation germanique avec un humour frais et universel.
Kaisersberg est le village natal du prix Nobel Albert Schweitzer. C'est aussi une magnifique cité médiévale Qui accueille un illustre marché de Noël à partir de la deuxième quinzaine de novembre.
Plus au Sud et un peu à l'écart, Colmar observe se protégés. Capitale des vins d'Alsace, Préfecture du Haut-Rhin, Colmar accueille la plus grande foire des vins d'Alsace, la semaine du 15 août. S'il n'est point besoin de vous conseiller de déguster de bonnes bouteilles, sachez que Colmar est aussi une ville d'Art, dont le chef-d'œuvre est le Musée d'Unterlinden et son merveilleux retable d'Issenheim de Mathias Grünewald.
En reprenant la route des vins on aborde la ville touristique de Turckheim. Sa fête du vin a lieu fin juillet.
Plus au Sud, Eguisheim, au pied de trois châteaux, étale son étrange architecture médiévale. Construite en trois cercles concentriques autour de son château, lieu de naissance du Pape Léon IX en 1002. C'est l'un des berceaux du vignoble alsacien et sa fête des vignerons, le 4e week-end d'août, est l'une des plus anciennes.
Husseren-les Châteaux domine la route des vins à 390 mètres d'altitude, au-dessus d'Eguisheim et de ses trois châteaux.
A Rouffach, la tour des Sorcières domine les églises. La ville est républicaine, mère du Maréchal Lefèbvre, héros Napoléonien. Mais ici encore, le vin est roi et le week-end de l'Ascension, Rouffach accueille sa foire éco-biologique.
Le Grand Cru du Zinnkoepflé est le plus haut d'Alsace. À 420 mètres d'altitude, il domine la cité de Soultzmatt qui le fête le 1er samedi d'août.
Le village de Guebwiller fait mieux, puisqu'il est le seul d'Alsace à accueillir 4 Grands Crus: Le Kessler, le Kitterlé, le Searing et le Spiegel. Raison suffisante pour organiser une foire aux vins, chaque jeudi de l'Ascension.
Après un passage à Soultz où vous admirerez les belles cigognes destinées à la réintroduction, Le voyage touche à sa fin. Se dressent au détour de la route les tours de Thann, la tour des Sorcières et la tour des Cigognes.
On retrouve à Thann la Porte de la route des vins d'Alsace et le point d'accueil destiné aux visiteurs désireux d'en savoir plus sur le terroir alsacien.
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