Les vins de provence

Opusvins est allé pour vous au soleil de Provence parmi les vignes pour y découvrir les cépages qui la composent. En ce début d’été, que faire de mieux pour vous faire rêver de vacances et vous mettre l’eau –le vin ?– à la bouche ?

Provence

A l’origine

Le vignoble de Provence est pour certains le plus ancien de notre hexagone. Il remonte au moment où les premières colonies grecques s’installèrent sur les rives ensoleillées de notre Méditerranée, il y a tout juste 2 500 ans… Les premières implantations de vignobles ont donc commencé à Masillia, aujourd’hui appelée Marseille. Les grecs sont repartis en laissant sur place les rudiments de notre vignoble moderne. C’est sans doute de cette époque lointaine que nous est resté le Bourboulenc, cépage provençal né en Grèce. D’autres cépages tels que le Mourvèdre très présent aujourd’hui ont une origine étrangère. Ce dernier vient en effet d’Espagne et a permis à la Provence de produire jusqu’au 19ème siècle des vins rouges corsés dont la réputation a fait le tour du bassin Méditerranéen.

Un rosé bien frais SVP !

Si l’on vous dit Vin de Provence, sans doute l’image d’une belle bouteille aux formes galbées, féminines, d’un rosé bien frais vous vient à l’esprit ! Il est vrai que le rosé que vous buvez en vacances représente les trois quart de la production provençale. Critiqué par tous hier, ces rosés ont bien progressé. Les producteurs locaux lui ont même permis d’atteindre une notoriété justifiée. Lorsqu’il est bien fait , le rosé provençal est un vrai vin, identifiable selon ses cépages et terroirs d’origine.

Les trois couleurs de vin –blanc, rosé et rouge- se retrouvent en Provence. Ils naissent d’une large palette de cépages.

Une richesse insoupçonnée

La Provence, c’est l’une des gammes de cépages les plus riches de France. Répartis sur environ 100 000 hectares, soit une superficie proche de celle du Bordelais mais loin derrière celle du Languedoc-Roussillon qui caracole en tête de notre pays avec ses 300 000 hectares.

Les raisins noirs

La grande majorité des vignes provençales portent des raisins noirs. Trois cépages représentent à eux seuls les trois-quarts de la production : le Grenache, le Carignan et le Cinsault.

Le Grenache

C’est un cépage vigoureux au rameaux solides qui lui permettent d’affronter le mistral et les sécheresses. Ses grappes sont grandes avec des baies rondes dont le peau noire ne laisse pas deviner la chair blanche et juteuse. Le Grenache prends son caractère sur les sols secs et caillouteux. Il donne un vin rouge rubis, alcoolique et vigoureux. Mais il a tendance à vieillir vite et à s’aplatir tant en couleur qu’en force. Il trouve son avantage en s’associant à des cépages qui lui assurent une meilleure garde. On retrouve dans le bouquet de Grenache des arômes de fruits rouges, de tilleul, d’épices et de figue.

Les rouges de Cassis en sont un bon exemple (associé à au moins 50% de Mourvèdre). C’est un cépage privilégié dans la vallée du Rhône où il donne les meilleurs résultats (Châteauneuf-du-Pape, Côtes du Rhône). C’est aussi le cépage le plus courant sur le sol provençal. On le trouve dans la plupart des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC). A des rendements cependant très variables de 20 à 100 hectolitres par hectare. Un cépage incontournable dans le Midi.

Le Carignan

Lorsque vous pensez aux vins simples, pour tous les jours, vous savez bien que ces vins sont élevés en cuve et non en fûts de bois. Le premier cépage français à vieillir dans ces cuves est le Carignan. Avec 150 000 hectares cultivés dont 20 000 en Provence. Ses grosses grappes compactes portent des baies rondes dont la peau d’un beau noir bleuté épaisse et astringente cache une chaire claire et sucrée. Ce plant vigoureux s’adapte bien aux vignobles en coteaux.

En Provence, il donne des vins solides d’un rouge profond dont le caractère astringent marqué et l’amertume n’est pas toujours agréable. Les années l’adoucissent. Il amène des arômes de mûre, cerise, framboise, violette et pour les plus âgés de pruneaux.

Sa production est limitée à 70 hectolitres par hectare maximum. Il n’entre pas pour plus de 40 à 50% dans les AOC provençales. C’est un grand cépage du Sud qui perd malheureusement son intérêt en plaine où les rendements sont trop élevés. De quoi confirmer encore que qualité et quantité vont rarement ensemble.

Le Cinsaut (ou Cinsault)

Vous avez peut-être déjà dégusté du Cinsaut comme raisin de table : ses grandes grappes, lourdes, portent de gros grains d’un beau raisin noir bleuté dont la peau solide craquait sous vos dents acérées … C’est peut-être sous le nom de son cousin Œillade, cépage ancien aujourd’hui délaissé, que vous l’avez rencontré.

Ses vignes s’étalent plus qu’elles ne montent, donnant ces images typiques de vignobles couchés. Les vins qu’il produit sont d’un beau rouge rubis. Le Cinsaut contribue aux assemblages par son équilibre, son moelleux et sa finesse. Ses arômes dominants sont ceux de fruits rouges mûrs. Un cépage précieux dont la culture se développe en Provence.

La Syrah

Le vin de Syrah est quant à lui d’un rouge foncé profond. Alcoolique et astringent, il est de plus en plus apprécié. Ce cépage, sans doute originaire de l’autre coté de la Méditerranée (Syrie ?), est de plus en plus cultivé dans tout le Sud et en Provence : Côtes-de-Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence, Palette … Les belles grappes de Syrah sont de taille moyenne, ramassées sur elles-mêmes. Elles portent de petites baies d’un beau noir bleuté recouvrant une chair claire et juteuse.

La Syrah possède des dominantes aromatiques intéressantes : violette, chocolat, réglisse, cannelle, tabac. Ses vins sont fins et parfumés, faits pour vieillir. Sa culture est cependant limitée car la Syrah est sensible aux vents violents et à la sécheresse. Dommage …

Le Mourvèdre

Dix fois moins présent que le Grenache en Provence, le Mourvèdre entre cependant dans l’assemblage de nombreux vins pour contribuer à favoriser leur vieillissement. Il donne un vin rustique très coloré, solide et charpenté, fait pour vieillir de nombreuses années au cours desquelles il s’assouplit. Il amène des arômes de sous-bois, de réglisse, de cuir. Ses tanins sont marqués.

On le retrouve dans les Bandol, Cassis, Palette, Côtes-de-Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence, Châteauneuf-du-Pape, Côtes-du-Ventoux, etc. C’est un cépage tardif bien utile. Ses grappes triangulaires portent de petits grains noirs arrondis qui cachent une chair âpre, ce qui lui vaut parfois le surnom d’Etrangle-Chien !

Il y a en tout des dizaines de cépages à raisins noirs en Provence. Nous avons vu les plus courants. Ajoutons le Cabernet-Sauvignon, le Cabernet franc, l’Aramon, l’Aubun et le Tibouren. Les vins rosés sont issus essentiellement du Grenache et du Carignan. Mourvèdre, Syrah, Cinsaut et Cabernet-Sauvignon donnent aux vins rouges de Provence leurs lettres de noblesse.

Les raisins blancs

En Provence, les cépages en blanc ne représentent que 10% de la totalité du vignoble. Mais ils produisent d’excellents vins blancs.

L’Ugni blanc

En France, l’essentiel de la production d’Ugni blanc se trouve en Charente où il est à l’origine du Cognac. On le retrouve aussi en Gironde, dans le Sud-ouest (Armagnac) et en Provence. L’Ugni blanc, c’est tout simplement les deux tiers de toute la production de raisin blanc provençal. Son plant est très vigoureux. Il donne de bons volumes de production (100 à 150 hectolitres par hectare). C’est un plant tardif ce qui le protège des gelées printanières. Ses grandes grappes sont allongées et étroites. Se petites baies bien rondes jaune doré se teintent de rouge cuivré sur les coteaux exposés plein sud. Chaque grain recèle une chair généreuse en jus.

En Provence, l’Ugni blanc est bien sucré et donne des vins à 12% d’alcool en volume, peu acides, au goût parfois neutre mais souvent fruité : arômes d’agrumes, de coing. On y associe des cépages aux saveurs aromatiques riches pour obtenir de bons vins blancs fruités et chaleureux du Midi.

La Clairette

C’est un raisin blanc dont vous avez sans doute déjà croqué les grains en forme d’olive, à la chair juteuse mais ferme, accrochés à de grosses grappes un peu lâches. La Clairette est un cépage vigoureux en Provence. Elle pousse sur des sols pauvres avec des rendements faibles (moins de 50 hl/ha).

Le vin de Clairette présente des arômes caractéristiques d’amande amère, de pamplemousse et de tilleul. Le bon ensoleillement permet d’obtenir un fort degré alcoolique (14% vol.). Ce sont des vins qui madérisent facilement. La désaffection actuelle pour les vins madérisés est sans doute responsable de sa baisse de production. Elle est cependant présente dans de nombreuses AOC provençales : Cassis, Bandol, Bellet, Palette, Côtes-de-Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence, Côtes-du-Rhône … La Clairette n’est pas près de disparaître !

Le Bourboulenc

Un nom curieux pour un cépage provençal. Typiquement méditerranéen, le Bourboulenc est venu tout droit de Grèce pour faire partie de l’encépagement de nombreuses AOC de Provence : Cassis, Bandol, Coteaux d’Aix-en-Provence … Sa production provençale est limitée à 300 hectares. C’est un cépage tardif qui amène de la finesse aux autres cépages auquel il est souvent associé. Merci à nos amis Grecs !

D’autres noms de cépages résonnent favorablement à nos oreilles en Provence : Muscat blanc, Carignan Blanc, Marsanne, Sémillon, Chardonnay, Roussanne, Rolle …

Même si la majorité des vins blancs sont issus de l’Ugni blanc et de la Clairette, il vous faudra dénicher ceux qui ont su s’enrichir de l’apport des qualités des nombreux autres cépages discrètement cultivés en Provence.

Les itinéraires touristiques viticoles de Provence n’attendent que vous !

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